18 février 2017

Mais à quand un parfum "chlore" ?


Je me souviens de la piscine avec le club.
Tout le monde prend sa douche et se savonne 
avant de pénétrer dans l’eau.
Alors que dans les créneaux loisirs, hein.
C’est de l’hygiène pour soi et les autres, c’est du bon usage.
Je m'en souviens comme d'un rituel de passage, 
du monde atmosphérique au monde plouf ; 
davantage même que l’entrée dans l’eau.

Je me souviens des filles en maillot une pièce,
parce qu’on n’est pas là pour rigoler, ni à la plage.



Je me souviens que contrairement
à la piscine avec le collège, 

personne ne se cache derrière personne, 
ni ne croise les bras pour camoufler sa poitrine ;
rien de ce type. 

On ajuste son maillot d’un « clac ! » net 
si une fesse se dévoile un peu trop, c’est tout.

D’ailleurs, personne ne regarde vraiment personne
en tant que corps. 

Un peu comme la nudité dans le monde médical, 
qui n’est pas un dévoilement d’intimité. 
Ou plutôt qui ne devrait pas l’être, 
on peut toujours tomber sur un médecin indélicat, y’en a.
Bon, on n'est pas sans voir ses compagnons tout de même, hein.


(Bastien Vivès, le goût du chlore)

Nous sommes là pour nager. Nous nageons.
Et on rigole bien aussi. 

Si je m’éloigne pour une raison quelconque, 
depuis les gradins par exemple, 
je ne vois que des têtes émergées,
beaucoup avec des bonnets de bain.


J’y ai toujours vu des boules de billard 
sur un tapis bleu ondulant légèrement.

Je me souviens de tous entrant dans l’eau
en y plongeant ou sautant. 

Nous en sortons bien sûr trempés, 
et je me souviens observer les peaux 
à l’aspect alors si spécial. 
Satinées. 
Irisées de gouttelettes,
parfois un peu de chair de poule, 

les poils un peu hérissés,
enfin, vous voyez, je pense. 


Une peau qui prend la lumière comme nulle autre, 
quand le soleil couchant traverse les grandes baies, 
sur lesquelles sont collées des images de rapaces 
pour éviter que des petits piafs des villes ne s’y fracassent. 
Ça arrive tout de même parfois, « bang ! ».

C’est d’après que je voulais parler, initialement.
Parce que le pendant, dans l’eau,
c’est hors de ma portée 
d’espérer vous décrire 
comment je le vis, aujourd’hui encore. 
Cette sérénité, cette fluidité des corps et du milieu, 
cette ambiance sonore si particulière,
comment les décrire ? 


Rien à voir avec le brouhaha des horaires publics. 
Il y a aussi le voisinage avec les pompiers, 
qui s’entraînent sur la ligne d’eau voisine. 
Les femmes enceintes
ou les bébés-nageurs dans le petit bain. 

Nager en surface et voir les plongeurs, 
au fond de la fosse, tout là-bas au fond. 
Chacun est à sa place, dans un monde différent.

Enfin bref. 
À la sortie du bâtiment municipal, 
il y a celles et ceux qui commencent
par allumer une cigarette. 

Je n’ai jamais compris. Même en période fumeur, 
j’ai tout sauf l’envie d’en griller une après un effort. 
Et surtout après la natation. ‘comprends pas.

On discute, sac sur l’épaule ou jeté dans un coin. 
Quelques-uns vont parfois boire une bière. 
Oui, ce n’est pas tellement mieux que la clope, 
pour des sportifs. 
Mais nous n’avons jamais été des pros non plus. 
Enfin, pas moi ! 

Toujours est-il que tout le monde sent le chlore, 
et c'est là que je voulais en venir. 
Même ceux qui se parfument dans les vestiaires 
sentent surtout le chlore, quoi qu’ils puissent faire. 
La peau sent le chlore. 
Les cheveux sentent le chlore. 
Je me souvient surtout des joues qui sentent le chlore, 
quand on se fait la bise avant de se séparer. 
L’autre sent le chlore, 
et je sens le chlore comme lui ; 
aussi rincés, lavés, séchés, soyons-nous.

Pas le chlore écœurant de la piscine couverte, 
close en hiver. 
Pas celui des vestiaires non plus. 
Il faudrait donner un autre nom
à ce léger parfum de chlore, 
bien plus délicat, tellement plus subtil, 
sans doute issu d’un mélange 
avec l’odeur du corps lui-même. 
Ce parfum ne persistera pas au-delà de la soirée. 

C’est ce chlore que je voudrais en parfum. 
Il sent aussi bon à mes yeux (à mon nez, plutôt) 
que le salé qui nous recouvre en sortant de l’Océan. 
Mais ceci est une autre histoire.



1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

test

11/2/18 12:32 AM  

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